Pâques est une fête religieuse incontournable dans le christianisme et le judaïsme, et elle est tout aussi attendue par les enfants pour la traditionnelle chasse aux œufs en chocolat.
La coutume d’offrir des œufs existait déjà à l’Antiquité, dans les traditions païennes. Les Perses, les Romains et les Égyptiens célébraient le retour du printemps, saison de l’éclosion de la nature, en offrant des œufs peints et décorés. Les œufs symbolisent la fécondité, le renouveau et la création. La tradition a ensuite été reprise par l’Église, lors de la propagation du Christianisme pour fêter la renaissance de Jésus-Christ, ressuscité le dimanche de Pâques.
Au 3ème siècle, lors de l’institution du jeûne du Carême la consommation des œufs, tout comme celle des laitages et de la viande, a été interdite par l’Église. Même si cette mesure a été levée au 16ème siècle par le Vatican, elle est restée largement suivie par la population. Comme les poules continuaient de pondre pendant le Carême, les œufs étaient conservés jusqu’à la fin de la période du jeûne de 40 jours.
Ainsi, au jour du dimanche de Pâques, les œufs abondaient sur les tables. Certains étaient offerts, d’autres intégrés dans des recettes créées pour l’occasion et devenues typiquement pascales, comme les pâtés garnis d’œufs du Berry, la fouace bretonne (une pâtisserie en forme d’étoile) ou encore l’alise vendéenne (une galette briochée). Manger des œufs à Pâques symbolise donc la fin des privations du Carême.
Depuis le Moyen-Âge, la tradition chrétienne interdit de faire sonner les cloches des églises entre le Jeudi saint et le dimanche de Pâques, en signe de deuil. On racontait aux enfants que les cloches étaient parties se faire bénir à Rome par le pape. À leur « retour » le dimanche matin, les cloches carillonnent et « déposent » sur leur passage les fameux œufs dans les jardins. Les parents ont alors commencé à organiser les fameuses chasses aux œufs pour les enfants dans les jardins.
C’est au 18ème siècle que l’idée de vider les œufs pour les remplir de chocolat s’est imposée. L’œuf entièrement au chocolat apparaît au siècle suivant. Alors que le cacao se démocratise, des chocolatiers inventent un mélange de sucre, de beurre de cacao et de chocolat en poudre pour créer une pâte malléable que l’on peut facilement verser dans des moules.
L’œuf en chocolat est alors né, et d’autres sculptures en chocolat seront par la suite créées par les confiseurs, comme la poule, le lapin ou encore les cloches. « La coutume d’offrir des œufs ou des lapins en chocolat est d’origine commerciale », assure l’Église catholique de. Quoi qu’il en soit, ce sont en effet les chocolatiers qui en profitent le plus aujourd’hui : en 2015, 15.000 tonnes de chocolat ont été vendues à Pâques en France.
C’est le moment de profiter des fêtes de¨Pâques pour vous parler des petites merveilles qu’etaient les oeufs de Fabergé. Il faut tout d’abord savoir qu’il était d’usage d’offrir des oeufs décorés à Pâques, qu’ils soient naturels, en bois, en pierre ou matière précieuse.
Nous sommes en 1885.
Le Tsar Alexandre III s’apprête à fêter la Pâque, mais cette année-là marque aussi son 20e anniversaire de mariage avec la Tsarine Maria Fedorovna. Pour souligner l’occasion, il commande alors un cadeau exceptionnel à un jeune joaillier, Pierre-Karl Fabergé, dont les créations plaisent à l’impératrice.
L’œuf à la poule est livré à sa majesté le jour de Pâques et, à son ravissement, ce qui a l’air d’être un simple œuf s’ouvre pour révéler une surprise: un jaune qui contient une poule aux yeux de rubis.
Maria Fedorovna est ravie et Alexandre III décide alors de nommer Fabergé fournisseur officiel de la Maison impériale et de lui commander un œuf par an. Seules conditions: l’œuf doit être unique et il doit aussi renfermer une surprise digne d’une impératrice.
La tradition des œufs Fabergé est née et elle sera poursuivie par Nicolas II, jusqu’en 1917, qui en offrira un à sa mère – devenue veuve en 1894 – et à sa femme Alexandra Fedorovna tous les ans.
Au total ce sont 50 œufs qui ont été réalisés par les ateliers Fabergé pour le compte de la famille impériale russe (ce chiffre a été établi en 1997 et est cité par la fondation Link of Times, créée par Viktor Vekselberg dont le site officiel, entièrement dédié aux oeufs Fabergé est d’une beauté à couper le souffle).
De plus, 15 œufs ont été commandés par de riches familles dont 7 pour les Kelch. Chez Wikipedia (en anglais), on trouve le chiffre de 105 œufs au total, créés par la maison Fabergé.
Les oeufs Fabergé, de même que toutes les possessions de la famille impériale russe, sont confisqués par les Bolchéviques lors de la révolution de 1917. Un seul œuf serait sorti de Russie à cette époque, l’œuf à la croix de Saint-Georges (le dernier oeuf offert en 1916 par Nicolas II à sa mère) lors que l’impératrice Marie Feodorovna réussit à prendre la fuite sur le navire de guerre britannique Marlborough. Sur ordre de Lénine, les œufs sont transportés au Palais des Armures du Kremlin où ils restent dans des boîtes jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Staline.
Or, le nouveau maître du Kremlin a besoin d’argent. En 1927, il fait ouvrir des caisses d’objets ayant appartenu à la famille Romanov et tombe sur les œufs. Mais, parce qu’ils sont associés à la famille impériale, les œufs Fabergé sont sous-évalués (pour la petite histoire Agathon
Fabergé, fils de Pierre-Karl est emprisonné à la révolution, sorti de prison pour évaluer les bijoux des Romanov puis remis sous les verrous quand le Kremlin n’arrive pas à vendre les objets aux prix estimés). Les œufs commencent à sortir du pays dans les années 1930… en pleine Grande dépression. Armand Hammer, un entrepreneur américain et ami personnel de Lénine se charge d’écouler les pièces aux États-Unis, où, à cause de la crise économique, ces œuvres d’art sont parfois vendues à des prix dérisoires (500$!). Il a alors la brillante idée d’exposer les œufs Fabergé dans des grands magasins afin d’en assurer la promotion. Ça marche et quelques riches américains qui ne sont pas trop touchés par la Grande dépression en achètent quelques-uns, c’est notamment le cas de la famille Forbes qui en achète neuf.
Vendue par aux enchères par Sotherby’s en 2004, la collection des neuf œufs Fabergé de la famille Forbes (qui comprend d’ailleurs le tout premier, l’œuf à la poule ) a été entièrement rachetée par l’oligarche russe Viktor Vekselberg pour une somme estimée entre 90 et 120 millions de dollars. Plusieurs autres œufs dont désormais partie de collections privées (certains ont été exposés en 2004 au Kremlin) et PBS mentionne d’ailleurs que la famille de Monaco en possède un. Certains sont exposés , les cinq oeufs Fabergé du Virginia Museum of Arts , ceux de la collection de
Matilda Geddings Gray, qui ont été exposés au Cheekwood’s Museum of Art de Nashville, ceux de la Collection de la Reine d’Angleterre, les deux du Hillwood Museum, ceux du Cleveland Museum of Art et enfin ceux qui se trouvent à la Walters Art Gallery de Baltimore.